Texte de sociologie

Bonsoir,
Alors voilà l'extrait qui me pose problème (page 49, fin de la 1ère colonne, début de la 2ème)

"en résumant la participation sociale à une conception techniciste de l’accessibilité, l’acception managériale occulte les dimensions symboliques qui entourent l’accès aux biens sociaux et la délivrance de soutiens, et conditionnent le rapport de la société à l’infirmité. L’accessibilité scolaire n’est pas une ressource. Elle est un véritable marqueur social qui fournit aux intéressés des signes de reconnaissance sociale à partir desquels s’expriment l’attitude de la collectivité à leur égard et la relation positive qu’ils peuvent entretenir avec eux-mêmes. Pouvoir se mouvoir, partager les mêmes activités que les autres, être en relation avec les êtres que l’on souhaite rencontrer sont des signes d’estime sociale de premier plan. Ils signalent aux individus qu’ils disposent des qualités et des capacités les rendant à leur niveau précieux pour la collectivité."

J'espère que l'extrait n'est pas trop long ... J'ai un peu du mal à le comprendre. Que veut dire l'auteur par "dimensions symboliques" ; "ressource" ; "marqueur social" ; "être en relation avec les personnes que l'on souhaite rencontrer" ... ?
C'est difficile de poser une question claire alors j'espère que vous pourrez quant même un peu m'aider ...

Merci d'avance au cas où !!

Salut

Alors, je vais essayer d'expliciter les passages que tu as mis en gras, j'en ai déduit que ce sont ceux qui t'ont posé le plus de problèmes, cependant n'hésite pas à réécrire un post si tu as d'autres questions !

... ...

Alors :

- "L'acceptation managériale occulte les dimensions symboliques qui entourent l'accès aux biens sociaux et la délivrance de soutien" :

L'approche managériale considère que la participation sociale des PSH (Personnes en Situation de Handicap) se résume à leur possibilité d'avoir accès aux lieux et aux activités sociales (ex : l'école) "comme tout le monde". Or, cela serait oublier que l'école (pour reprendre l'exemple dvp dans le texte) n'a pas uniquement une fonction purement pratique : elle joue également un rôle symolique. De même, la délivrance de soutien (aides sociales) n'est pas uniquement une fin en soi, elle a un impact sur d'autres dimensions de la vie de la PSH (estime de soi, existence sociale = regard des autres...).


- "L'accessibilité scolaire n'est pas une ressource mais un véritable marqueur social qui fournit aux intéressés des signes de reconnaissance sociale" :

Le fait d'être scolarisé est une ressource : elle permet aux élèves (en situation de handicap ou non) d'accéder à la connaissance, au savoir. Mais l'école a également une finalité toute autre : elle est le premier lieu de sociabilisation. Cette deuxième fonction est d'autant plus fondamentale pour un élève en situation de handicap ; qui manquent de reconnaissance sociale. Le fait d'être scolarisé et de suivre le parcours de la majorité des enfants est "bien vu" par la société, qui perçoit dans la scolarisation une volonté d'intégration, d'adaptation de l'enfant (= reconnaissance sociale). De plus, l'enfant est réellement intégré à la société ("marqueur social") puisqu'il évolue quotidiennement avec d'autres personnes de son âge : autrement dit, il "sociabilise".


- "Pouvoir [...] être en relation avec les êtres que l'on souhaite rencontrer [sont des signes] d'estime sociale de premier plan" :

Les "personnes que l'on souhaite rencontrer" sont tout d'abord ses amis (le fait d'être à l'école permet à l'enfant en situation de handicap d'aller lui-même vers les autres, tandis que lorsqu'il est chez lui ce n'est pas vraiment lui qui décide qui il peut voir) ; mais aussi les personnes qui jouent un rôle dans la réalisation de son projet personnel, à commencer par ses professeurs et le directeur de l'école.
En étant scolarisé, il est plus facile pour une PSH d'entrer en contact avec les personnes qu'il a personnellement envie de voir puisque lorsqu'il est toujours à son domicile, il ne peut pas aller de lui-même vers les autres (ce sont au contraire les autres qui viennent le voir).
C'est, entre autre, un "signe d'estme sociale de premier plan" puisqu'en décidant d'entrer en relation avec une personne, la PSH est à l'origine du processus de sa propre sociabilisation. Elle a donc le mérite d'avoir fait un pas vers l'autre et de s'être pris en main, notions qui sont aujourd'hui socialement reconues (d'où la notion d'estime).

C'est bon pour les 3 phrases?

Merci beaucoup beaucoup pour ta réponse !

En fait je suis plus sure de bien comprendre le modèle managérial ... (je commence à être pénible)

- Au départ, je pensais que le modèle managérial proposait de prendre en charge les PSH autant que les autres. Dans le sens où, chacun à ses faiblesse et il faut accompagner chaque personne et non pas aider que les PSH. En ED, on nous a dit que le but non pas de séparer la classe en 2 (PSH et personnes "sans besoins" apparents) mais de prendre chacun individuellement. Donc tout le monde est traité pareil.

- Sauf que dans le texte on trouve : "l'école se doit d'être efficace en se centrant sur la réussite de tous les élèves, en privilégiant l'égale efficacité de résultats à l'égalité des moyens". Donc ça veut dire que si on prend tout le monde individuellement et qu'on veut une égalité de résultat, il y a forcément des personnes qu'on va + accompagner que d'autres ? Donc c'est contradictoire avec ce que je dis juste avant ... (Aïe, je me perds, j'espère quant même que c'est assez claire !!)

Dans les 2 cas, je ne comprends pas en quoi on peut reprocher à cette approche d’empêcher la sociabilisation des PSH ? Elles sont quant même à l'école, au contact avec d'autres élèves ...

Je sais pas si je suis complètement à l'ouest ... Et je suis vraiment désolée de t'embêter encore ...

Pour faire simple :

- L'approche managériale a pour but de permettre aux individus de "se défendre par eux-mêmes", autrement dit de pouvoir participer pleinement et de façon réfléchie à la vie de leur pays (sociale, politique, économique...).

- La notion d'égalité de traitement revoie au fait de limiter un maximum les obstacles qui empêcheront la personne de remplir cet objectif, càd de se construire socialement de façon autonome (= de prendre les décisisons et de participer à sa propre vie sociale). Son but n'est donc pas que tous les élèves soient stéréotypés (quand tu dis "tout le monde est traité pareil"), mais que chacun puisse garder la même possibilité de choix. Ainsi, lorsque l'auteur parle d'égalité de moyens, il veut signifier que le but de l'approche managériale est de donner à chacun les mêmes outils pour se construire socialement. Concrètement parlant, les "moyens" financiers et humains déployés ne seront pas les mêmes puisque la scolarisation d'une PSH nécessite plus de logistique que celle d'un enfant non porteur d'un handicap ; mais PSH comme élèves "autonomes" disposeront des mêmes outils pour construire leur vie et monter leur projet personnel.

Pour revenir sur le dernier point de ta question ; je ne pense pas que l'auteur reproche à l'approche managériale d'empêhcer réellement la sociabilisation des PSH. Cependant, en pratique, certains aspects de cette approche limitent son efficacité et font qu'aujourd'hui elle ne semble pas encore être otimale : "capacités stratégiques des établissements, [...] manière de les exploiter, de motiver les hommes et, plus généralement de manager les ressources humaines, sociales et techniques requises pour concrétiser le « plan de compensation », le projet de scolarisation",entre autres.

Est-ce plus clair ?  

Et n'hésite pas si tu as d'autres questions (non tu n'es pas pénible, pas la peine de t'excuser ) !